Accepter ou non une nouvelle commande : la notion de coût marginal
Le coût marginal correspond au coût de revient d’une unité ou d’une commande supplémentaire.
Dans le cadre de la gestion d'une entreprise, cette notion constitue une aide à la décision pour décider à partir de quel prix de vente accepter une nouvelle commande.
L’analyse marginale utilise la décomposition des coûts entre charges variables et fixes. Nous proposons pour appréhender cette notion, l'analyse d'un cas pratique.
ENONCE
M. Paul est gérant associé unique d'une EURL spécialisée dans la fabrication de chaises de jardin en osier. Pour le moment, il travaille essentiellement en vendant sa production à une centrale d'achat d'une grande surface présente dans la région.
Il travaille actuellement avec 2 salariés dont un à mi-temps.
Durant l'année N, il a toujours pratiqué le même prix, soit 37 €. A la mi-décembre 5.000 chaises ont été vendues.
Pour la production d'une chaise, les matières premières (bois essentiellement) s'élèvent à 18 €. Les autres charges (petit matériel, loyer des locaux, salaires etc.) s'élèvent à 80.000 €.
Question 1
Calculer le résultat de l'année N
Les matières premières constituent des charges variables, les autres charges, des coûts fixes.
Quantité |
Montant unitaire |
Total |
|
Chiffre d'affaires |
5 000 |
37 |
185 000 |
Charges variables |
5 000 |
18 |
90 000 |
Marge sur coût variable |
5 000 |
19 |
95 000 |
Charges fixes |
80 000 |
||
Résultat |
|
15 000 |
L'EURL réalise à la mi-décembre un bénéfice de 15.000 € soit 3 € par chaise.
Question 2
Le 17 décembre N, un nouveau client se fait connaître auprès de M. Paul. Il s'agit d'une entreprise de la région spécialisée dans la vente au détail de mobilier pour le jardin. Dans le cadre de leur nouvelle collection, il souhaiterait commander 20 chaises mais au prix de 33 € l'unité.
S'agissant d'un nouveau client qui pourrait devenir un client habituel, l'offre paraît intéressante. Mais prudent, avant de donner sa réponse, M. Paul souhaite d'abord réaliser un calcul de rentabilité. Après analyse, il constate que cette nouvelle commande peut être réalisée avec les moyens actuels en terme de main-d'œuvre et de matériel.
Question 2 : Calculer le résultat supplémentaire dégagé par la commande. Commentez le résultat obtenu.
Quantité |
Montant unitaire |
Total |
|
Vente supplémentaire |
20 |
33 |
660 |
Coût variable supplémentaire |
20 |
18 |
360 |
Marges sur coût variable |
20 |
15 |
300 |
Charges fixes |
0 |
||
Résultat supplémentaire |
|
300 |
Cette commande n'entraîne aucune charge fixe en plus. Elle permet de dégager un bénéfice supplémentaire de 300 € soit 15 € par bureau. Cette opportunité semble donc très rentable.
Le seul coût supplémentaire demeure le coût variable (18 €). Dans ces conditions, sans charge fixe supplémentaire, tout prix de vente proposé supérieur au coût variable unitaire permet d'accroître le résultat de l'entreprise.
En conséquence, on peut en déduire les règles suivantes :
À structure de coût équivalente (coût variable unitaire stable), et sans charge fixe supplémentaire :
Coût marginal d’un produit = Coût variable unitaire
Règle : une commande supplémentaire ne doit être acceptée que si le prix de vente proposé est supérieur au coût variable unitaire du produit.
Question 3
Le 20 décembre N, la centrale d'achat avec laquelle l'EURL a l'habitude de travailler souhaite passer une commande exceptionnelle d'une plus grande quantité que d'habitude, à savoir 400 chaises.
Compte tenu de cette grosse commande la centrale réclame un prix de vente plus attractif que d'habitude soit 29 €.
Après analyse des besoins pour produire une telle quantité supplémentaire (dans de faibles délais de surcroît), de nouveaux équipements doivent être achetés et un salarié en CDD devra être recruté pour ce surcroît temporaire d'activité. Le coût fixe supplémentaire devrait ainsi s'élever à 3.500 €.
Question 3 : Calculer le résultat supplémentaire dégagé par la commande.
Quantité |
Montant unitaire |
Total |
|
Vente supplémentaire |
400 |
29 |
11 600 |
Coût variable supplémentaire |
400 |
18 |
7 200 |
Marges sur coût variable |
400 |
11 |
4 400 |
Charges fixes |
3 500 |
||
Résultat |
|
900 |
Cette commande de 400 chaises permettrait donc de dégager un bénéfice supplémentaire de 900 € soit 2,25 € par chaise.
Dans cette situation, le coût marginal est constitué du coût variable unitaire (18 €) auquel on rajoute le coût fixe unitaire supplémentaire (3.500 /400 = 8,75 €).
Le coût marginal de la commande est donc de 26,75 € par chaise.
Vérification : Résultat supplémentaire = (29 - 26,75) x 400 = 900 €
Question 4
Compte tenu de ce constat, M. Paul accepte le prix proposé par la centrale d'achat. D'autres grandes surfaces prennent des renseignements auprès de son entreprise. De grosses commandes pourraient être proposées.
M. Paul pourrait en conséquence vendre environ 8.000 chaises l'an prochain.
Pour obtenir ces commandes, il sait qu'il devrai maintenir le prix de vente à 29 €, et embaucher à temps plein, son salarié actuellement à temps partiel.
D'après ses calculs, les coûts fixes s'élèveraient à 99.000 € l'an prochain. Le coût des matières premières resterait stable.
Question 4 : Calculer le résultat prévisionnel de l'année N+1.
Quantité |
Montant unitaire |
Total |
|
Chiffre d'affaires |
8 000 |
29 |
232 000 |
Charges variables |
8 000 |
18 |
144 000 |
Marge sur coût variable |
8 000 |
11 |
88 000 |
Charges fixes |
99 000 |
||
Résultat |
|
-11 000 |
Avec de telles hypothèses, le résultat serait déficitaire malgré une hausse substantielle des quantités vendues (+60%). La hausse des volumes ne permet pas de combler une baisse de prix généralisée à l'ensemble de l'année et à l'ensemble des clients.
On peut en conclure que l’analyse marginale n'est pertinente que pour le calcul de la rentabilité d’une commande supplémentaire, et ne peut être étendue à l’ensemble de l'année et de l’activité.